1. |
C'était le soleil
03:58
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Un jour, dans les nuits polaires, qui n’ont ni début ni fin
comme tant des saisons en chemins, déambulait ma chair
à l’abri des lumières, et de l’incertain sommeil
or brillait une petite sphère : c’était le soleil
Je l’effleurais des doigts assis sur la banquise
du comptoir, entre les fumées grises de nos pauvres flambeaux de tabac
des météores-cigarettes!
aux cendres de nos planètes!
Et au centre de cette petite danse, au milieu des faisceaux fades
d’un vieux rade, d’un bistro crade rayonnait l’éblouissance
et tous les néons du monde semblaient brisés sur l’autel
à la faveur de cette bille ronde : c’était le soleil
La buée sur les vitrines obliques cache les rêves halogènes
de nos êtres inuits, indigènes, que relèguent au latrines publiques
les aubes à la gazoline
qui ont le goût d’aspirine
Et demain comme la veille
dans la nuit ce seul éveil
dans ces yeux, sans autres pareils
j’irai chercher le soleil
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2. |
Tant les nuages
04:13
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Tu aimes tant les nuages, de ces nuits sauvages
sur le fil des récifs, où je suis ton esquif
ce vent qui nous ébouriffe, nous esquisse nous divise
au ciel du naufrage, du matin, des mirages
tu aimes tant les nuages, que tout là-haut perchés
la poussière des comètes, nous sommes allés chercher
Tu aimes tant les nuages, que dans leurs brumes épaisses
au hasard des visages, des mains qui te caressent
tu ne distingues plus, et tout ça t’est égal
ce qui compte c’est le vol, dans le vide sidéral
tu aimes tant les nuages et le goût des hauteurs
t’ont fait aérophage, dans les azurs menteurs
Tu aimes tant les nuages et voir en tout petit
les cratères sur le sol, les corps qui dégringolent
tu as tant d’appétit, que par-delà les cieux
les nouvelles galaxies, tu vas chercher des yeux
tu aimes tant les nuages que bien après la grande ourse
là où tout est noir, je vois finir ta course
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3. |
Crève-coeur
03:08
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Sous l’oeil attentif d’un mauvais présage, j’ai regardé les nuages nocturnes
j’brûle, ma peau devant l’astre puissant, j’vis des jours éblouissants, et chamboulés
j’dois laisser mon gros coeur traîner, crever à l’extérieur des journées
Tombé jusqu’au sol où ton ombre s’arrête, sous l’arbre à douleurs
issues des murmures et de mes pensées secrètes, elles ont crevé mon coeur
Ancré mes yeux dans la lumière du soir, mes doigts dans des couloirs, trop étroits
qui, me conduisent vers les terres exquises, quand j’arrête de penser à toi
ici-bas, amoché jusque dans ma moelle, j’ai du vent dans mes voiles, déchirées
Tombé jusqu’au sol où ton ombre s’arrête, sous l’arbre à douleurs
issues des murmures et de mes pensées secrètes, elles ont crevé mon coeur
Tombé jusqu’au sol où ton ombre s’arrête, sous l’arbre à douleurs
issues des murmures et de mes pensées secrètes, elles ont crevé mon coeur
Sous l’oeil attentif d’un mauvais présage, j’ai regardé les nuages…
j’brûle, ma peau devant l’astre puissant, j’vis des jours éblouissants….
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4. |
Les Yeux des Chats
04:04
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Les yeux des chats guettent depuis longtemps, longtemps, longtemps
et dans ces nuits où je les surprends, trop longtemps, innocents
les yeux des chats me regardent dans les yeux, à l’ombre des cieux, comme des feux
et dans ces feux je veux comme des phares, y voir un repère, dans un regard
Comme des yeux que l’on connaît déjà, qui me fuient, et puis me suivent
ils m’évitent et puis me pistent, se dérobent, et luisent
j’avance ainsi vers terre promise, pose conquise, mais quoi qu’on dise
les yeux des chats ne brillent que dans la nuit de tant des soirs toute la vie
Comme on décèle dans les yeux de celle les larmes qu’appelle une pincée de sel
comme console une main dans les cheveux, alors fais comme les yeux, de ceux
qui trop déçus se détournent comme les yeux félins, du jeu
c’est la règle et, comme les rats, un jour c’est l’un, un jour, c’est toi
un jour c’est l’une qui disparaît sous la lune
entre les toits, entre des bras
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5. |
Chimère
03:25
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Un jour où je laissais mes mains, parcourir les cheveux bruns
d’une colombe, et les méandres en brins déteints, blond vénitien
mes doigts glissaient dans le crin, et son teint, couleur craie
ne disait de ce que cachait l’écrin de ses seins
de ses yeux, noir de jais, ont jaillit des chevaux
qui me prirent dans le galop, puis vinrent les premiers coups de crocs
sous l’étreinte d’une louve, je ne sus ce que l’oiseau couve
qu’à l’ampleur de mes blessures, au saignement de la griffure
Dent de loup et grâce d’hirondelle
douce agnelle et venin de tarentelle …
chimère!
Un soir où dans ma couche, j’effleurais la bouche
d’un garçon aux petits seins caressant la mouche
enlaçant ses reins, ses lèvres lie-de-vin, d’infante, reine, dans mon lit
dans ses yeux lapis-lazuli
j’aperçus des créatures, tapies dans la rocaille
et telle celles-ci, sa peau parut couverte d’écailles
et la nuit, outre-marine parut me noyer sous l’eau
une peau devenue presque opaline m’avait entraîné sous les flots
Museau de musaraigne et taille de libellule
langue de vipère et reflets maquerelles …
chimère!
Un jour gris comme le soir, je sentais une peau si noire
que je sentais venir le soir, je plongeais dans ces yeux verts
qui me promettaient l’enfer, l’enfer ou mon désespoir
qui filait comme un courant d’air se dérobe dans des couloirs
je sentais son parfum, corsé, son écorce
me filait entre les mains, je devins sanguin puis féroce
mais rien n’y fit pour l’anguille, qui piquait des aiguilles
et filait dans la nature, laissant mon nez dans la sciure
Tête de mule et regard de panthère
malicieux capucin et agile leptocère …
chimère!
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6. |
Vingt ans de soleil
03:31
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Une cicatrice dans la paume
me rappelle aux fantômes
de mes amours indistincts :
ceux qui étaient les tiens
je ne sais plus dans ce creux
y trouver les yeux
qui me regardent encore
autant des sémaphores…
Longtemps innocent
20 ans de soleil
Tel innocent voit la crevasse
ligne de vie dégueulasse
la plaie divise par deux
le chemin des amoureux
comme une estafilade
laisse le sang sur les mains
coulant en cascade
des amours défunts
Longtemps innocent
20 ans de soleil
On me l’a dit je m’en fous
tout sera confus jusqu’au bout
nous irons au hasard
côte à côte. Où s’égarent
nos désirs et nos soirs
Je ne veux plus savoir
Longtemps innocent
20 ans de soleil
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7. |
Au temps des nuits
03:43
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J’ai tant des nuits, attendu
au temps des ni, pendu
au bout des lèvres qui paraissaient si hésitantes
et que couraient des lièvres dans la nuit coulissante
ni saillis d’ongles vernis, enfoncés au fond veines
que des reines assoupies auraient passées comme des chaînes
j’ai, dans ce domaine
où l’ombre se promène
oh, tant des nuits
éparpillé ma vie
J’ai tant des nuits, que des jours
ennemis, endormissent les amours
et les ivresses, milles errances éperdues
ont brûlé ma jeunesse dans le charbon du solstice
au temps des nuits épaisses, bercés aux mélodies solistes
des sous-sols mélancoliques aux fumées trismégistes
j’ai, dans ce registre
noyé des océans
tant des nuits
des larmes du Ponant
J’ai tant des nuits, épuisé
à la patience des étoiles les élans de mes fusées
j’ai vu médusée en fond de mer d’huile
la queue de ces comètes qui comme des cordes usées s’effilent
j’ai tant des lunes, qui se noient
saisi l’infortune, de mes doigts
et, autant le dire, au fil des soupirs,
j’ai tissé une étoffe de catastrophe en souvenir
j’ai sans aucun doute
abandonné ma route
aux volontés du vent
et pour la nuit des temps
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8. |
Anne cherchait l'amour
02:19
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Je n'ai eu le temps de t'aimer
Il n'y a rien à faire oublier
juste tes yeux tristes dans mes cheveux le soir
j’aurais pu être la première
t’aimer te faire souffrir
Je n'ai eu le temps de t'aimer
il n'y a rien à faire oublier
juste tes yeux tristes dans mes cheveux le soir
tu voulais me briser en toi
j’aurais dû te revoir pour toi
J’aurais pu être la première
t’aimer te faire souffrir
Tu voulais te briser en moi
j’aurais dû te revoir pour toi
J’aurais pu être la première
t’aimer te faire souffrir
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9. |
Les bouts du ciel
02:15
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Quand le soleil tombe en morceaux, il se fait tard, il se fait tard,
il pleut sur Sein, il n’est plus rien
qu’une lampe au fond d’un bistro, et un vieux singe, un vieux héros
un mur d’eau, tout est si loin
Le soleil fond, sur l’horizon, comme s’il coulait dans dans le sillon
dans le creuset du forgeron
qui nous battrait de nouveaux noms, et qui nous couvrirait la peau,
de grandes armures, avec un sceau
Sur le soleil, il pleut des seaux, et je ne suis pas le seul sot
qui suis à Sein, après la fin
et ma main essuie le carreau, tu disparais dans un halo
adieu ma vieille ...
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10. |
Du haut du pont
03:42
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Du haut du pont, nos paroles s’enlisent
fuyant leur méprise
dans les remous du fleuve
cherchant des terres neuves
Du haut du pont, nos pensées vagabondes
pauvres et infécondes
s’amenuisent en filament
dans le flux permanent
Du haut du pont, nos regards s’enlisent
dans les volutes vertes et grises
Du haut du pont, nos regards s’esquivent
et partent à la dérive
tels des flèches sans cible
dans les flots insensibles
Du haut du pont, se jettent nos amours
s’en vont finir leurs jours
chassant une caresse
ultime maladresse
Du haut du pont, nos regards s’enlisent
dans les volutes vertes et grises
Du haut du pont, s'envolent en bégayant
les éternels serments
reconduire leur défaite
sur une autre planète
Du haut du pont, projetées vers l'horizon
nos galères vogueront
distantes sur le sillon
ainsi jusqu'au prochain pont
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11. |
Les sels du Pacifique
03:25
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Les sels du Pacifique déposent sur le chemin des visions magnifiques
du sol amérindien marqué les traces des rêves souterrains
le terrain volte-face
sanfranciscain
Comme l’océan tout vient et s’en va dans un mouvement tragique
nos histoires dans le sable et l’eau et les sels du Pacifique
Tant de jeunes hommes indolents comme des demi-dieux totem
ont la peau salée, tant d’anges aussi déchus ont la peau déchirée
et les sels font trembler sous leurs peaux
leurs carcasses-caniveaux
Comme l’océan tout vient et s’en va dans un mouvement tragique
nos histoires dans le sable et l’eau et les sels du Pacifique
Et sous le soleil jaune des explosions célestes, jeans élimés et vestes
gonflées par le vent les yeux par le sel de ces larmes s’écoulant
au mirage dérivant
d’une rose si loin, sur un autre océan
Comme l’océan tout vient et s’en va dans un mouvement tragique
nos histoires dans le sable et l’eau et les sels du Pacifique
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